Réunion de septembre (1) au CDJ : 2 plaintes fondées (RTBF, GrenzEcho)
Le Conseil de déontologie journalistique a adopté deux avis sur plainte lors de sa première réunion de septembre. Les deux plaintes ont été déclarées fondées (RTBF, GrenzEcho). L’une portait sur un montage vidéo formaté pour les réseaux sociaux qui ne rendait pas correctement compte du caractère très ponctuel de certaines images, l’autre – qui concernait pour la première fois un média germanophone – sur la mise en œuvre du droit de réplique dans une enquête et un article de commentaire.
La première plainte, déclarée fondée (20-18 Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique et de l’Asile et de la Migration, Office des Étrangers & Centre fermé de Merksplas c. H. M. / RTBF.be), visait deux articles en ligne ainsi qu’une séquence vidéo « Vews » de la RTBF qui rendaient compte des conditions de vie des personnes détenues au Centre fermé de Merksplas durant la période de crise sanitaire. La partie plaignante reprochait principalement au journaliste de l’avoir mise en cause dans des termes erronés et destinés à la préjudicier, au terme d’un processus d’enquête inabouti et déloyal. Le CDJ a constaté que l’enquête du journaliste avait été menée avec sérieux et dans le respect des règles déontologiques (respect de la vérité, vérification, enquête sérieuse, exercice du droit de réplique…). Il a néanmoins considéré que le montage vidéo « Vews » destiné à évoquer cette enquête sur les réseaux sociaux avait, faute de précision quant à leur contenu, détourné des images de leur sens initial.
Dans son avis, le CDJ attire l’attention des journalistes et des médias sur le fait que la production de telles séquences sur base de consignes techniques qui en formatent notamment la durée ne les exonèrent pas du respect de la déontologie journalistique.
La seconde plainte, également déclarée fondée (20-48 D. Müller & Vivias c. O. S. / GrenzEcho), concernait plusieurs articles du GrenzEcho consacrés à la gestion et aux conditions de vie des résidents des maisons de retraite de la Communauté germanophone avant et pendant la pandémie. Les parties plaignantes reprochaient au rédacteur en chef d’avoir publié des articles, présentés comme le résultat d’une recherche journalistique menée en toute indépendance et dans l’intérêt général, les mettant en cause alors qu’elles n’avaient pas été entendues. Bien qu’il ait relevé l’important travail d’investigation réalisé – un travail d’autant plus difficile à mener qu’il l’était sur un petit territoire où tout le monde se connaît –, le CDJ a constaté dans son avis que le journaliste n’avait pas sollicité avant publication le point de vue d’une partie gravement mise en cause, alors qu’étaient formulées à son encontre plusieurs accusations graves et susceptibles de porter atteinte à sa réputation ou à son honneur. Il a retenu également que si le média disait avoir sollicité le point de vue de spécialistes pour éclairer des négligences graves pointées sur le plan médical, il ne l’avait pas recoupé auprès d’un membre du corps médical de la structure concernée de manière à pouvoir en évaluer la réalité et la portée.
Mi-septembre, 35 plaintes étaient en traitement au Conseil de déontologie journalistique.
Entre la dernière réunion de juillet et celle de la mi-septembre, 4 dossiers ont été résolus en médiation. 19 plaintes n’ont pas été retenues, soit parce qu’elles ne répondaient pas aux conditions de recevabilité formelle (identité complète du plaignant manquante, aucune production médiatique visée), soit parce qu’elles n’entraient pas dans le champ d’exercice de la déontologie journalistique (enjeu déontologique manifestement non fondé ou sans indice de concrétisation dans la production en cause après première analyse). Tous les plaignants en ont été dûment informés.