Réunion de novembre (2) au CDJ : 3 plaintes fondées (TodayinLiege.be, L-Post & RTBF (#Investigation))
Le Conseil de déontologie journalistique a adopté trois décisions sur plainte, toutes jugées fondées, lors de sa seconde réunion de novembre. Dans deux plaintes qui visaient des pure players (TodayinLiege.be, L-Post), le CDJ a relevé un manque de prudence dans la diffusion des informations. Dans le troisième dossier (RTBF (#Investigation)), il a constaté une intrusion dans la douleur et une atteinte à la dignité d’un jeune témoin interviewé, malgré le fait que celui-ci n’ait pas été rendu identifiable.
La première plainte, déclarée fondée (23-09 A. Desonnay & B. Masuy c. F. T. / TodayinLiege.be), concernait un article en ligne consacré au projet de réaffectation de la basilique de Cointe en salle d’escalade et en restaurant. Les plaignantes déploraient le parti pris du journaliste, pointant un éventuel conflit d’intérêts dans son chef et lui reprochaient d’avoir relayé des informations erronées. Sans retenir le conflit d’intérêts, le CDJ a constaté que l’article n’assurait pas clairement la distinction aux yeux du public entre faits, analyses et opinion, relevant que si les informations publiées avaient fait l’objet d’une enquête au cours de laquelle le journaliste avait collecté, vérifié et recoupé plusieurs témoignages et documents, pour autant il avait manqué de prudence, en omettant de mentionner des informations essentielles et en ne mettant pas à distance les propos tenus par des sources ou ses propres observations, qu’il présentait comme des faits établis.
La deuxième plainte, déclarée fondée (23-11 J. Poulin c. Ph. L. / L-Post), visait un article en ligne consacré à la désignation du nouveau directeur de la Salle de Consommation de Drogues à Moindre Risque (SCMR) de Liège. Le plaignant reprochait au média d’y diffuser des informations inexactes en révélant sa désignation en tant que nouveau directeur, sans l’avoir préalablement contacté et alors qu’il avait finalement retiré sa candidature. Le CDJ a estimé que le média avait manqué de prudence en dévoilant, sans recouper l’information auprès de l’intéressé, voire attendre confirmation de sa désignation effective, l’identité et le parcours professionnel du candidat choisi par le conseil d’administration de l’association. Il a relevé que le média avait diffusé l’information alors qu’il n’ignorait pas qu’elle était incomplète, l’incertitude planant encore au moment de la rédaction de l’article sur l’attribution effective du poste, et qu’une identification prématurée était susceptible d’avoir des conséquences sur la fonction qu’exerçait encore le candidat.
La troisième plainte, déclarée fondée (23-15 AGAJ c. A.-C. H. et S. De S. / RTBF (#Investigation)), visait une enquête d’ « #Investigation » (La Une, RTBF) consacrée aux placements de mineurs dans le cadre de l’aide à la jeunesse. La plaignante reprochait notamment au média d’avoir diffusé de nombreuses images et interviews de mineurs sans veiller à garantir leur anonymat, pris le parti de bénéficiaires mécontents sans diffuser des points de vue contradictoires et diffusé des erreurs factuelles concernant la législation et les données relatives à l’aide à la jeunesse. Le CDJ a constaté qu’en dépit d’un important et sérieux travail d’enquête permettant d’établir l’existence de défaillances au sein de ce secteur, trois passages du reportage contrevenaient à la déontologie. Outre l’absence de précisions nécessaires à la compréhension d’une donnée statistique tirée d’une étude sur le sujet, et l’identification non nécessaire d’un mineur rendue possible par convergence de plusieurs indices, le CDJ a relevé que les questions que la journaliste avait posées à un jeune garçon qui souhaitait témoigner de faits de viol à son encontre entraient dans son intimité, faisant intrusion, malgré qu’il ne soit aucunement reconnaissable, dans sa douleur, et portant atteinte à sa dignité. Le Conseil a écarté tous les autres griefs relevés par la partie plaignante (absence de droit de réplique, manque de distance avec les sources, confusion faits-opinions, méthodes déloyales…).
Début décembre, 22 plaintes étaient en traitement au CDJ. Entre la première réunion plénière de novembre et la seconde, 14 plaintes n’ont pas été retenues, soit parce qu’elles ne répondaient pas aux conditions de recevabilité formelle, soit parce qu’elles n’entraient pas dans le champ d’exercice de la déontologie journalistique, soit parce que l’enjeu déontologique soulevé n’était pas rencontré. Tous les plaignants en ont été dûment informés.