Réunion de juin (2) au CDJ : 1 plainte fondée (Vivacité), 2 plaintes non fondées (RTBF, Belga)
7 juillet 2021
Le Conseil de déontologie journalistique a adopté trois avis sur plainte lors de sa seconde réunion de juin. L’une d’elle a été déclarée fondée (Vivacité), les deux autres non fondées (RTBF, Belga).
La première plainte, déclarée partiellement fondée (19-36 Axa Belgium c. A. A. & B. M. / Vivacité (« SOS Pigeons »)), concernait une séquence de l’émission « S.O.S. Pigeons » (Vivacité et La Une) dans laquelle les journalistes-animateurs enquêtaient en direct sur le délai de traitement et d’indemnisation d’une auditrice qui avait été victime d’un accident dans un parc d’aventures. La plaignante (la société d’assurance) contestait principalement l’identification de la personne en charge du dossier. Dans son avis, le CDJ a constaté que les journalistes de l’émission avaient sollicité cette personne de manière insistante et non nécessaire à l’information : ainsi, ces sollicitations répétées ne portaient plus, en finale de l’émission, sur la résolution d’une question d’intérêt général mais visaient à satisfaire une curiosité personnelle sans pertinence pour le public. Le Conseil a également noté que les commentaires tenus à propos de la personne qui était rendue identifiable (son nom était mentionné à près de 60 reprises pendant la séquence, associé à son prénom, à la société et au service dans lesquels elle travaillait) portaient atteinte à son image, décrédibilisant son travail tant auprès de ses clients que de son employeur, et que certains de ces propos stigmatisaient aussi l’origine étrangère de son patronyme.
La deuxième plainte, déclarée non fondée (20-50 Divers c. Belga), visait un « push » info de Belga consacré à un bilan international de la pandémie de coronavirus dont l’image d’illustration, non légendée, représentait une personne de confession juive, masque sur le menton, devant ce qui semblait être le Mur des Lamentations. Les plaignants estimaient que cette image était non pertinente et stigmatisante. Dans son avis, le CDJ a constaté que l’illustration présentait un lien ténu avec le sujet principal de l’article, et qu’en l’absence de légende, elle restait sujette à interprétation. Pour autant, vu l’absence d’élément stigmatisant dans le titre ou dans l’article, vu le caractère général des faits relatés, et vu la tonalité internationale apparente du cliché qui faisait écho au bilan mondial décrit dans la dépêche et qui était liée à un autre fait d’actualité dont le média avait également rendu compte le même jour, le CDJ a estimé que ce choix d’image et son association à la dépêche, sans être particulièrement judicieux, intelligibles et pertinents, ne stigmatisaient pas de manière avérée la communauté montrée. Sans contester le format des dépêches qui relève de la liberté rédactionnelle de l’agence, le Conseil a toutefois attiré son attention sur le risque inhérent à la diffusion d’informations « push » dont les photos ne sont pas légendées et sont dès lors ouvertes à interprétation.
La troisième plainte, déclarée non fondée (21-09 M.-P. Dessambre c. S. B. / RTBF (JT)), visait une séquence du JT de la RTBF consacrée aux difficultés vécues par les travailleurs au noir pendant la crise sanitaire. La plaignante regrettait un potentiel préjudice pour les témoins interviewés, dont l’identité avait été donnée avec précision. Dans son avis, le CDJ a relevé qu’il ne faisait pas de doute, au vu du déroulement de la séquence en cause, que les témoins qui parlaient librement face caméra avaient consenti à la diffusion de leur image. Il a retenu également des déclarations du média, d’une part que ces témoins avaient, dans une démarche militante, donné leur accord pour apparaître à visage découvert et avec leur nom réel à l’antenne, d’autre part que cet accord avait été pris après discussion de ces témoins avec le média sur les conséquences possibles de leur identification, en incluant pour certains les associations de terrain avec lesquelles ils étaient en contact. Considérant que les consentements donnés étaient donc éclairés, le CDJ a estimé qu’il relevait du libre choix de ces témoins de décider de se rendre directement et sans aucun doute identifiables au-delà de leur entourage immédiat.
Fin mai, 41 plaintes étaient en traitement au Conseil de déontologie journalistique.