Pour le CDJ, la plainte royale contre Frédéric Deborsu est partiellement fondée
Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) a adopté ce 15 mai 2015 l’avis attendu sur la plainte de la Liste civile du Roi contre Frédéric Deborsu, auteur du livre Question(s) Royale(s). Quatre des six reproches sont déclarés non fondés. Un cinquième est fondé tandis qu’un sixième, le recours à des insinuations, l’est partiellement.
Le CDJ tient d’abord à rappeler que dans une société démocratique, aucun thème lié à la vie en société n’est tabou pour les journalistes et les médias. La monarchie est un sujet potentiel pour le journalisme d’investigation. La sympathie qu’une partie de la population éprouve pour la famille royale ne peut faire obstacle à un tel travail. Le journalisme a pour fonction de rendre publics les sujets d’intérêt général, pas de les taire, toujours dans le respect de la déontologie.
Sur les six reproches déontologiques adressés au livre Question(s) Royale(s), le CDJ en a retenu deux, dont un de manière partielle. Après une lecture attentive du livre et après avoir entendu le plaignant et le journaliste, le Conseil de déontologie considère que Frédéric Deborsu n’a pas eu recours à des rumeurs, qu’il n’a pas pratiqué le plagiat qui lui était reproché et qu’il n’a pas eu recours à de la fiction ou à des explications romanesques. Le CDJ rejette aussi l’argument d’atteinte à la vie privée des membres de la famille royale au-delà de l’intérêt général sauf pour deux cas particuliers qui résultent d’insinuations sur deux points précis : la nature de la relation entre le Prince Philippe et M. Thomas d’Ansembourg et l’éventuelle procréation médicalement assistée des enfants du Prince Philippe et de la Princesse Mathilde.
Dans l’ensemble, un constat inspire ces conclusions : la certitude que le journaliste disposait de sources d’informations multiples et vérifiées même s’il ne pouvait pas les citer dans son livre.
Le CDJ donne entièrement raison au plaignant sur un aspect : en retranscrivant un entretien avec le Roi, Frédéric Deborsu n’a pas respecté l’interdiction de reproduire des informations dites « off the record ». Enfin, le Conseil de déontologie admet partiellement le reproche de recours à des insinuations dans les deux cas déjà mentionnés. Le CDJ estime à propos de ces passages que soit un journaliste détient des informations sourcées lui permettant d’affirmer un fait et il l’exprime ainsi, soit il ne dispose pas de telles informations mais il doit alors éviter d’en faire état plutôt que d’émettre des sous-entendus.
Plainte 12-40