CDJ : une fausse « Une » de Metro concédée à un parti politique contraire à la déontologie journalistique
8 juillet 2020
Le Conseil de déontologie journalistique a adopté quatre avis sur plainte lors de sa réunion de juin. Les quatre avis sont fondés (sudinfo.be, RTBF.be (2), Metro). L’un d’eux porte sur un dossier ouvert d’initiative par le CDJ sur une fausse « Une » publicitaire.
Lors de sa réunion de juin, le CDJ a constaté que l’emballage publicitaire de « Une » que Metro avait concédé à un parti lors de la dernière campagne électorale trompait le lecteur sur le sens à donner à cette communication politique (19-13 CDJ c. Metro). Le Conseil qui s’était – chose rare – autosaisi du dossier en raison des questions que la pratique posait à la profession sur le plan déontologique a en effet estimé que les première, deuxième et troisième pages de cet emballage publicitaire créaient, vu leurs importantes similitudes typographiques et graphiques, une réelle confusion avec les contenus journalistiques émanant de la rédaction. Il a estimé que la mention, en petites capitales, de la formule « publicité politique » qui surmontait chaque page n’atténuait pas cette confusion.
Pour le CDJ, le fait que le donneur d’ordre – le MR –, alors en campagne, ait cherché à accroître la ressemblance de sa communication avec la maquette afin de la rendre assimilable à la production journalistique du média et qu’il n’ait, dans ce but, pas respecté les consignes prévues dans le cadre de l’achat de cet espace publicitaire n’exonère pas le média de sa responsabilité déontologique : un média d’information s’engage de facto vis-à-vis de son public à diffuser une information respectant l’ensemble des principes de déontologie, dont celui de distinguer clairement publicité et information.
Le Conseil relève que concéder à un donneur d’ordre – dans ce cas politique – la conception insuffisamment cadrée d’une fausse « Une » présente par nature un risque élevé de confusion sur la nature et l’origine du message. Un risque qui dans un écosystème médiatique propice à l’émergence de fake news peut conduire à altérer la confiance du public dans l’information et dans l’indépendance des journalistes.
Lors de cette même réunion de juin, le CDJ a rendu trois autres avis sur plainte, tous fondés. Dans le premier de ces avis (18-64 X c. sudinfo.be), le CDJ a constaté qu’un article de sudinfo.be qui rendait compte d’une décision du Conseil d’Etat dans un dossier disciplinaire relatif à un agent public posait comme avérés des faits de vente de drogue qui ne l’étaient pas et permettait, par le biais d’une illustration insuffisamment floutée, l’identification du gardien de parc visé par la sanction sans qu’il y ait plus-value pour l’information.
Dans le deuxième avis (18-65 X c. K. F. / RTBF.be), le Conseil a relevé que la RTBF n’avait pas rectifié rapidement et explicitement les informations erronées qu’elle avait publiées dans un article en ligne qu’elle avait consacré au « licenciement » d’un gardien de parc accusé de faits de vente de drogue par son employeur.
Dans le dernier avis (20-03 S. Gwendy c. J. H. / RTBF.be), le CDJ a estimé que la scénographie de l’interview en ligne d’un coureur cycliste, qui prenait les allures d’un tirage du Lotto, mettait avant la marque au-delà de ce qui était raisonnable, favorisant la confusion publicité – information dans le chef du public.
Début juillet, 45 plaintes étaient en traitement au Conseil de déontologie journalistique.