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Actualité

En France, l’information est sous pressions

« L’information est sous pressions », constate l’Observatoire (français) de la déontologie de l’information. Il a même fait de ce constat le titre de son deuxième rapport annuel rendu public ce 17 octobre *. En un an, l’ODI a étudié 150 cas problématiques dans les médias, repérés par ses membres ou d’autres sources. S’en dégagent des points marquants comme l’effacement des frontières entre vie publique et vie privée, la porosité croissante de la limite entre publicité et journalisme, la pression croissante des réseaux, la prégnance de stéréotypes.

En matière de vie privée, des livres, dont celui de Valérie Trierweiler, ont marqué les esprits en France. « Cela ne relève pas de la déontologie des médias, affirme l’ODI. Mais lorsque des journaux en publient les bonnes feuilles, peuvent-ils arguer que l’intérêt du public à les connaître est supérieur au respect de la vie privée des personnes concernées ? A fortiori quand ils sélectionnent les passages insistant particulièrement sur les aspects privés de cette vie commune. » (p. 8)

Les réseaux sociaux, eux, sont un outil à double tranchant : utiles lorsqu’ils aident les journalistes, ils détournent souvent de l’essentiel. « Si les réseaux sociaux sont un outil d’alerte, de diffusion et de réaction sans précédent, ils ont aussi un impact sur le contenu des médias, analyse le rapport. Ils surréagissent à certains sujets et sous-réagissent à d’autres. Ils hiérarchisent l’information dans une configuration différente de celle des rédactions : les événements qui suscitent la polémique sont mis en avant. » (p.13)

La confusion entre journalisme et publicité n’atteint que rarement l’extrémisme de ce repreneur de magazines qui déclarait: « Je pense que les régies et la rédaction doivent être fusionnées, car c’est le même métier, qui est de raconter une histoire ». (p. 25) Les pressions sont généralement plus subtiles, comme dans le Native advertising, une pratique d’origine nord-américaine qui se répand en Europe. Ce n’est en fait que du publi-reportage, de la publicité déguisée adaptée aux possibilités technologiques de l’information en ligne. Ou encore dans les suppléments thématiques aux articles élogieux envers les firmes qui y achètent des espaces publicitaires.

De bonnes pratiques, aussi

Comme en 2013, l’OBI distingue des « erreurs vénielles », généralement des défauts de vérification, des « grosses bourdes », des falsifications et le suivisme de certains journalistes. Certains exemples sont dénoncés, qui ont fait l’actu en France et parfois chez nous, comme l’affaire des rames de trains trop larges pour des quais de gare. Les journalistes y ont été instrumentalisés par des régions qui veulent faire payer des travaux d’infrastructures par la SNCF. Ou comme une soi-disant étude largement médiatisée selon laquelle « la moitié des directeurs d’école maternelle ou primaire se sont faits agressés par des parents ». L’étude n’était qu’un questionnaire sur le ressenti auquel 6% seulement des directeurs avaient répondu, évoquant des « tensions » généralement verbales.

Tout n’est pas noir, cependant. L’ODI mentionne en fin de rapport des avancées concrètes comme l’augmentation des rectifications et des excuses des rédactions, ou comme l’adoption dans de nombreux médias de chartes déontologiques internes. Et attendant la création, toujours hypothétique en France, d’un vrai conseil de presse sous la responsabilité des médias.

C’est précisément au moment où ce rapport est publié que 14 sociétés de rédacteurs et de journalistes **, dont celles du Monde et de TF1, dénoncent les méthodes employées par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, qui a dévoilé le 15 octobre les sources d’informations de deux confrères du Monde enquêtant sur les « affaires » de Nicolas Sarkozy.

* Le rapport de l’ODI :
http://www.odi.media/wp-content/uploads/2014/09/Rapport-ODI-2014-17-octobre-2014.pdf

** Les sociétés des rédacteurs et des journalistes du Monde, du Figaro, du Parisien, du Nouvel Observateur, du Point, des Echos, de Radio France, de Mediapart, de Rue 89, de L’Express, de Libération, d’Europe 1, de RFI, de TF1, de France 2 et de Télérama.
http://tempsreel.nouvelobs.com/medias/20141016.OBS2378/nous-journalistes-denoncons-les-methodes-de-valeurs-actuelles.html

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