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Actualité

Diffusion en léger différé de l’investiture de Donald Trump par la RTBF : le CDJ n’ouvre pas de dossier

© Cost. – DeontoloJ n°29 (janvier 2025)

Fin janvier, le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) était saisi de plusieurs plaintes – pour la plupart transmises par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) – concernant la décision de la RTBF de diffuser en léger différé le discours d’investiture de Donald Trump, en vertu du « cordon sanitaire médiatique ». Les plaignants y voyaient une (tentative de) censure dans le chef du média public ainsi qu’une infantilisation des téléspectateurs. Après analyse, le secrétariat général du CDJ a décidé de ne pas ouvrir de dossier, constatant que les plaintes étaient manifestement non fondées.

Rappelons tout d’abord que ledit « cordon sanitaire médiatique » découle bien de la déontologie journalistique. Afin de souligner ce rattachement aux normes professionnelles – ainsi que pour éviter son amalgame avec le cordon sanitaire politique –, le CDJ lui a préféré dès 2023 l’appellation plus explicite de « clause de responsabilité sociale et démocratique ».

Le principe central de cette clause – appliquée pour la première fois dans une décision récente du CDJ – consiste à éviter de donner la parole en direct à des « candidats, listes, partis, mouvements… identifiés comme liberticides ou antidémocratiques, ou dont le programme ou le discours entre en contradiction avec les lois réprimant le racisme, le sexisme, la discrimination ou le négationnisme, et à soumettre cette expression à un traitement journalistique ». Si le procédé est souvent associé dans l’imaginaire collectif à l’expression de personnalités identifiées comme appartenant à l’extrême droite, il n’y est toutefois pas limité.

En l’espèce et comme expliqué en plateau en amont de la diffusion du discours, cette décision a été prise par la RTBF en toute indépendance, afin de laisser à la rédaction la possibilité – si nécessaire – de remettre en perspective le discours à venir, eu égard aux nombreux propos problématiques tenus par le passé (en ce compris récent) par le président américain. 

Ce choix, qui participe à la liberté éditoriale du média public, a donc été expliqué en toute transparence au public de la RTBF, qui n’est de la sorte pas infantilisé mais simplement tenu au courant de cette décision qui – comme évoqué par certains plaignants – n’a pas été partagée par les autres médias belges diffusant la cérémonie. Le discours a par ailleurs été montré en intégralité (sans coupure ni montage), raison pour laquelle ce procédé, s’il fallait encore le rappeler, ne peut en aucun cas être qualifié de censure. Pour le dire autrement, le fait de décaler le propos ne l’altère pas pour autant.

On précisera enfin à toutes fins utiles que les médias qui ont décidé de diffuser le discours en direct étaient bien sûr également dans leur droit – en toute responsabilité déontologique – et qu’un média qui aurait décidé de ne pas le diffuser du tout l’aurait été également, en vertu de la (précieuse) liberté rédactionnelle des médias et des journalistes, consacrée dans l’article 9 du Code de déontologie journalistique.

AADJ & CDJ
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1040 Bruxelles

tél: 02/280.25.14

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