2022, le CDJ à volle pétrole !
17 mai 2023
Alors que les plaintes et demandes d’information s’inscrivent dans la moyenne des dernières années, le CDJ a enregistré en 2022 un nombre record de réunions (15) et de décisions rendues (54), pour 58 dossiers ouverts et 17 médiations. L’AADJ, sa structure faîtière, s’est inscrite dans un même mouvement, en procédant à un important travail de refonte du règlement de procédure, qui attaque de front le problème des procédures bâillons et s’ouvre désormais à l’ensemble des pratiques journalistiques. De son côté, le secrétariat général a poursuivi les divers projets destinés à améliorer la notoriété des services du CDJ auprès des journalistes, des médias et du grand public. En bref, une année à volle pétrole…
Le CDJ a reçu 257 interpellations en 2022, soit 150 plaintes et 107 demandes d’information : ces chiffres se situent dans la moyenne des dernières années, tout comme le taux d’irrecevabilité des plaintes entrantes (23%). Parmi les 115 plaintes recevables, 58 ont donné lieu à l’ouverture d’un dossier de médiation ou d’instruction. Le nombre total de médiations est de 17, un taux de réalisation moindre que les années précédentes en raison de positions de principe tenues sur des sujets d’actualité âprement discutés. En fin d’année, l’arriéré atteignait 24 dossiers – contre 35 en 2021 et 42 en 2020 – et la durée moyenne de traitement d’un dossier 233 jours, contre 340 en 2021 et 352 deux ans plus tôt.
Suivant la tendance observée les années précédentes, les plaintes visent en 2022 plus que jamais les productions diffusées uniquement en ligne (36%), que les sites soient ou non liés à un média existant sur un autre support. Si la télévision reste un média qui draine un nombre important de plaintes, son importance a diminué d’intensité par rapport à l’an dernier.
Bilan mitigé pour les décisions « Covid-19 »
Les 54 décisions rendues par le CDJ cette année – une nette augmentation rendue possible grâce au renforcement de l’équipe du secrétariat général et à l’accroissement du nombre de réunions – témoignent d’un changement visible : les décisions sur plaintes non fondées atteignent cette année 63%, quittant ainsi l’habituelle répartition 50-50. Ce changement est dû aux décisions prises sur des plaintes reçues en 2021, plus souvent non fondées.
Parce qu’elles cumulent des plaintes portant sur les trois dernières années, les décisions 2022 rendent compte avec force des enjeux déontologiques qui ont traversé la crise sanitaire. Ainsi, les griefs le plus souvent examinés sont ceux relatifs au respect de la vérité au sens large. Si la plupart du temps ces griefs ont été déclarés non fondés, certains d’entre eux ont plus que d’autres conduit à poser l’existence d’un manquement : c’est le cas une fois sur trois pour la rectification et une fois sur quatre pour la déformation et l’omission d’information. Les enjeux relatifs aux droits des personnes et au droit de réplique restent importants en termes d’attention des plaignants, à qui le CDJ a donné également raison une fois sur quatre.
Nouvelle année, nouvelle procédure
A la suite d’un important travail de réflexion collective mêlant administrateurs et membres du Conseil, l’AADJ a approuvé le nouveau règlement de procédure du CDJ, qui n’avait pas été revu depuis 2015. L’Association entendait ainsi répondre aux nombreux défis auxquels l’organe d’autorégulation fait face depuis plusieurs années : accroissement structurel du nombre de plaintes, instrumentalisation possible de celles-ci, transformation de l’écosystème médiatique, incompréhension possible du fonctionnement de l’instance…
En marge de cette révision, les membres de l’AADJ se sont engagés à mentionner à l’intention de leurs publics et sur tous leurs supports d’information l’engagement déontologique qu’ils ont pris en devenant membre : cet engagement, qui sera signalé principalement via l’insertion du logo du CDJ, pose les bases du contrat de confiance qui lie le membre qui l’affiche à ses publics.
Renforcer la visibilité de l’instance
Parmi les projets menés cette année grâce à un financement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, citons la mise à disposition d’une version publique du moteur de recherche intelligent permettant de s’y retrouver dans la jurisprudence de l’instance, mais également la réalisation de deux études destinées pour l’une à évaluer l’adaptation du processus de médiation et pour l’autre à identifier les attentes des journalistes en matière d’autorégulation. Ces enquêtes ont confirmé le rôle de premier plan que joue le Conseil dans l’amélioration constante de la qualité (déontologique) de l’information et dans le dialogue constructif des médias avec les publics.
Le CDJ, membre depuis 2019 d’un consortium européen qui rassemble plusieurs conseils de presse autour du projet « Media Councils in the Digital Age », n’a pas chômé non plus sur le plan international avec la publication d’un premier rapport #PressCouncilsEU consacré à la transition des conseils de presse à l’ère numérique, la coordination d’une table ronde sur le rôle de premier plan de tels conseils pour « mieux » informer le public (dans le cadre des premières Assises européennes du journalisme), une recherche comparative sur les différents modes d’articulation existant au sein de l’UE entre autorégulation et régulation, ou encore, en coopération avec le CDJM français, le développement d’un outil de curation dédié à la déontologie journalistique.
2023 poursuivra sur cette lancée : le renforcement de la visibilité du CDJ auprès du grand public passera notamment par l’amélioration de ses outils d’information et de communication… On remet les gaz !
Consultez le rapport annuel 2022 ICI.