CDJ – Nouvelle édition de la Recommandation « élections »
Le Conseil de déontologie journalistique publie en ligne la version remaniée de l’Avis sur la couverture des campagnes électorales dans les médias qu’il avait adoptée en 2011. Au vu du contexte informationnel et politique actuel, en pleine évolution, le CDJ a en effet décidé de revoir et de compléter ce texte, rebaptisé « Recommandation » par souci de clarté, s’appuyant pour ce faire sur le Code de déontologie journalistique de 2013 et la jurisprudence accumulée depuis ses débuts.
Désormais structurée en cinq principes dont le sens et la portée sont précisés, la Recommandation rappelle d’emblée la valeur fondamentale qui la sous-tend : l’indépendance de l’information et du journalisme. Elle souligne ainsi que « dans un système démocratique garantissant la liberté de la presse, il est essentiel que tous les choix éditoriaux soient de la responsabilité des rédactions, lesquelles doivent pouvoir décider en toute autonomie et sans ingérence, en assumant cette responsabilité face au public ».
Au nombre des cinq principes figurent la responsabilité des rédactions dans les choix éditoriaux, et dans le choix des candidats ; la prise en compte de la totalité des contributions au débat politique, selon leur pertinence journalistique ; la liberté éditoriale des rédactions de ne pas donner d’accès direct aux partis, listes ou mouvements qu’elles identifient comme liberticides ou antidémocratiques ; l’importance pour les journalistes candidats d’éviter tout conflit d’intérêts et toute suspicion de conflit d’intérêts entre leur activité journalistique et leur engagement politique.
Le détail de ces principes et de leur mise en œuvre permet de (re)mettre en lumière plusieurs points pratiques, notamment :
- être candidat à une élection n’implique aucun droit d’accès automatique à l’expression dans un média ;
- le traitement journalistique de l’actualité politique doit tenir compte de l’ensemble des faits pertinents pour une information correcte, sans partialité, exclusion d’office ou droit automatique à la parole ;
- la décision de ne pas donner un accès direct (c’est-à-dire qui ne peut être soumis au contrôle de la rédaction en temps réel) à l’expression des candidats, des partis, listes ou mouvement, antidémocratiques ou liberticides, est inhérente à la responsabilité sociale des rédactions. Elle ne peut être déléguée à une autorité tierce, qu’il s’agisse de juges, d’experts, de mandataires politiques ou d’organismes ayant pour objet la protection des droits humains ;
- en l’absence d’études scientifiques irréfutables ou de textes juridiques qui identifient et répertorient les partis, listes ou mouvements antidémocratiques et liberticides, chaque rédaction est amenée à trancher en la matière, en étayant sa décision et en se basant pour ce faire sur des faits avérés et des sources crédibles. D’éventuelles divergences d’analyse, conduisant à des choix éditoriaux différents, sont dès lors possibles et admissibles ;
- refuser l’expression directe de ces partis, listes, mouvements ou candidats n’empêche pas d’en faire état ni de leur consacrer des articles, des reportages ou des émissions en différé, où ces sources font l’objet d’un traitement journalistique ;
- les journalistes respectent les instructions de leur rédaction en chef et la ligne éditoriale de l’organe d’information auquel ils collaborent mais s’agissant de la diffusion d’opinions illégales, liberticides ou antidémocratiques, le droit à l’objection de conscience leur est reconnu et le fait de l’exercer ne peut entraîner de sanction.
La Recommandation sur la couverture des campagnes électorales dans les médias est disponible en ligne ici