CDJ : les médias d’information en ligne au centre des plaintes 2016
1.302 plaignants, 129 plaintes, 76 dossiers ouverts, 39 avis et 1 recommandation. 2016 s’est avéré être une année exceptionnelle pour le Conseil de déontologie journalistique, l’instance d’autorégulation des journalistes et médias d’information belges francophones et germanophones. A l’origine de cette augmentation, une plus grande notoriété de l’instance, des plaintes de type pétitionnaire sur des sujets de société et une attention accrue du public pour le respect de la déontologie dans les médias d’information en ligne.
Le CDJ a connu en 2016 une année record. 1.302 plaignants se sont adressés à l’instance d’autorégulation des médias d’information, dont 1.008 dans un seul dossier, très médiatisé, qui concernait un titre de Une qui évoquait l’arrivée de migrants sur la côte belge. En tout, 129 plaintes ont été enregistrées sur l’année. Un peu plus d’un tiers de ces plaintes a été jugé irrecevable. 76 dossiers ont été ouverts, soit près de 50% de plus que le nombre moyen enregistré les années précédentes. L’augmentation résulte visiblement de la plus grande notoriété du Conseil qui affiche désormais 8 années au compteur. Elle n’a pas été sans conséquence sur le travail fourni par l’instance. Le Conseil a ainsi rendu 39 avis pour 30 en moyenne les années précédentes. 12 de ces avis portaient sur des dossiers de 2015, les 27 autres concernaient les dossiers 2016. Poursuivant sur la tendance notée en 2015, 51% des avis sur plaintes remis en 2016 ont été déclarés fondés, 49% non fondés. 29 des dossiers ouverts en cours d’année restaient encore pendants au 31 décembre 2016.
Au-delà des chiffres et des cas particuliers, deux tendances transverses se dégagent des dossiers examinés en 2016. D’abord, si les griefs évoqués et déclarés fondés restaient importants sur le volet « recherche et respect de la vérité » du Code de déontologie, 2016 a également vu augmenter les plaintes relatives aux droits des personnes, particulièrement en matière de droit à l’image, de respect de la vie privée et… de stigmatisation. Ce dernier point, déjà sensible en 2015, a d’ailleurs conduit le CDJ à adopter en mai 2016 la Recommandation pour l’information relative aux personnes étrangères ou d’origine étrangère. Car, comme le relève le président du CDJ, Marc de Haan, en ouverture du Rapport 2016, « la presse défend partout et toujours la liberté d’expression, mais elle exerce la sienne en ne perdant jamais de vue sa responsabilité sociale ». Le texte de la Recommandation, doublé d’un lexique, rappelle quelques principes essentiels : ne mentionner des caractéristiques personnelles telles que l’origine ou la religion que si elles sont pertinentes au regard de l’intérêt général, éviter les généralisations abusives et les dramatisations, témoigner de la diversité de la société ; utiliser les termes adéquats.
Un autre phénomène s’est dégagé en 2016 : pour la première fois de l’histoire du CDJ, les médias en ligne arrivent en tête des plaintes reçues en cours d’année (33%). Fait intéressant également, ces plaintes ont prioritairement concerné les déclinaisons en ligne des marques de médias traditionnels, plus rarement les nouveaux sites ou blogs d’information. Ce phénomène témoigne sans doute d’un changement dans le mode de consommation des médias. Il souligne aussi les préoccupations déontologiques du public à leur égard : fausse information, rectificatif, mention de sources, utilisation des images diffusées en ligne, commentaires… Les questions sont classiques. Revues à l’aune du nouvel écosystème médiatique, elles réclament certainement de maintenir les réflexes déontologiques traditionnels, et demandent parfois d’ajuster les pratiques. Certaines problématiques identifiées comme centrales – comme le rectificatif ou les nouveaux modes de gestion de commentaires – feront ainsi l’objet de travaux et réflexions spécifiques du Conseil en 2017.
Une année 2017 qui sera aussi l’occasion de travailler à une nouvelle transition puisque le CDJ sera renouvelé pour la deuxième fois de son histoire afin de pouvoir démarrer ses travaux en janvier 2018. Un appel à candidatures sera lancé prochainement à destination des représentants de la société civile.